Ce qu'on en dit

Un premier tour surréaliste

Le 22 octobre un coup de semonce a résonné dans le hall d’Uni-Mail. L’ex-Conseiller d’Etat arrive en tête du premier tour pour l’élection au Conseil des Etats. Le décomptes des suffrages exprimés le jour même a permis à Lisa Mazzone de remonter à la deuxième place, et le trio de tête capitalise un écart de moins de mille voix à l’issu du comptage final.
Si un bon résultat de Me Poggia était prévisible, ce qui est plus surprenant ce sont les recours déposés par Philippe Oberson qui a tancé le service des votations en y dénonçant un constat d’incompétence. Ce qui n’était pas prévisible c’est la montée sur la première marche provisoire du candidat MCG, qui a sans doute bénéficié de l’augmentation des primes maladies pour le canton avoisinant les 10% en moyenne. 

Une analyse détaillée relevée par la TdG montre que la moitié de cette augmentation est due à l’accroissement des coûts des HUG justement sous la responsabilité de l’élu MCG. Le CACL constate que les personnes se rendant aux urnes ont ce réflexe pavlovien de faire confiance à des personnes connues, même si leur bilan résiste difficilement au constat de succès, quant aux engagements pris. Pis, le CACL est témoin d’une déconnexion entre la réalité du terrain et sa direction opérationnelle. Après avoir encouragé le personnel infirmier tombé malade, à venir travailler même s’il était testé positif au Covid-19 alpha, il a tout simplement qualifié les personnes en Covid-long et vouées à vivre en mesures invalidités, comme des cas de maladie professionnelle classique.

Comment se peut-il qu’après avoir subi un shut-down mondial causé par une maladie qui a fait la démonstration de l’absurde politique d’économie sur les mesures de santé, que les autorités nationales ont contenu grâce à la complience de la population et des protocoles viggi-germes que l’on espérait mettre en place qu’en cas de guerre. L’indifférence politique envoie ses héros dans la précarité sans assumer ses responsabilités civiles, et le CACL appelle la nouvelle équipe en place de reconsidérer les les errements vécus par le personnel en situation de handicap, comme une incompréhensible injustice et un manque caractérisé de reconnaissance pour sa loyauté. Une chose est certaine, la politique concerne tout le monde, même les électrices et électeurs qui pensent ne pas être concernés par les candidatures des professionnels de la politiques qui, le plus souvent, ne se représente qu’eux-mêmes.




Notre droit de réponse : les suites de la pétition

Nous avions fait circuler une pétition, fin février 2023 dans laquelle nous demandions une suspension des licenciements, une réintégration des collègues précédemment licenciés et un reclassement professionnel adapté à notre état de santé. Mille signatures ont été collectées, avec l’appui des syndicats et de quelques partis politiques, et remises auprès de Monsieur Mauro Poggia, Conseiller d’Etat chargé du Département de la sécurité, de la population et de la santé, et de Monsieur Bertrand Levrat, Directeur des HUG, le 8 mars 2023.
Alors que nous faisions signer cette pétition, les HUG ont fait circuler un communiqué sur leur intranet, à l’intention de l’ensemble des employés des HUG, et visible uniquement par eux :


« Absence longue durée pour raisons de santé Au cours des dernières semaines, plusieurs articles de presse, émissions de télévision, ainsi qu’une pétition ont fait fait état de la fin des rapports de travail entre les HUG et des infirmières en raison du Covid Long dont elles souffrent. Les HUG regrettent vivement que des soignantes et des soignants aient pu contracter le Covid sur leur lieu de travail et ce malgré les mesures de protections mises en place pour les collaboratrices et collaborateurs. Ceci est d’autant plus valable qu’ils savent parfaitement combien chacune et chacun s’est investi-es pour faire face avec courage et engagement à cette longue et difficile pandémie. Sans commenter les situations individuelles, les HUG tiennent toutefois à indiquer que, conformément à la politique de l’institution, ils ont accompagné chacune d’entre elles avec bienveillance et soutien durant la période de leurs absences pour raison de santé et ont mis tout en oeuvre pour favoriser leur retour dans leur fonction d’origine, lorsque leur état de santé le permettait, ou dans le cadre d’une réorientation professionnelle en fonction de leurs restrictions. les personnes ont été régulièrement informées par leur hiérarchie et la direction des ressources humaines des conditions de poursuite de leur engagement et des conséquences d’une incapacité de travail prolongée. Chaque fois que cela était possible, des reprises progressives du travail et des essais de réorientations professionnelles ont été mis en oeuvre avec la participation des personnes concernées, du Service de santé au travail et des assurances sociales. Lorsque, malgré un accompagnement, l’état de santé ne permet pas une reprise du travail, les HUG se voient contraints de mettre fin aux relations de travail, conformément au processus de gestion des absences validé par le Conseil d’administration, en principe au terme d’une période de droit au salaire de 730 jours civils ou prématurément, en cas d’invalidité avérée par décision de l’AI. Dans toutes les situations, les HUG garantissent la priorité de réengagement des membres du personnel dont la fin des rapports de servie a eu lieu pour cause de maladie ou d’accident professionnel. Ceci dans un délai raisonnable et tous réserve de l’existence des compétences requises et d’une aptitude à exercer l’activité projetée. Les absences prolongées pour raison de santé sont toutes traitées de façon identique. En effet, l’employeur ne se base que sur l’évaluation médicale confirmant une capacité de travail avec ou sans restriction. Le diagnostic ne lui est jamais communiqué puisqu’il relève du secret médical. En tout état, l’égalité de traitement est garantie à chacune et chacun, quel que soit le motif d’absence. Les HUG prennent soin de leurs collaboratrices et de leurs collaborateurs, notamment s’ils souffrent de maladie ou sont victimes d’accident. Ils les accompagnent dans leur intégration professionnelle. Nous restons tous ensemble, nous sommes les HUG »


A part cette information, les HUG n’ont pas pris la peine de prendre contact avec nous. N’ayant pu nous exprimer vis-à-vis de ces propos que nous trouvons méprisants et qui nous font passer pour des menteuses, nous allons y répondre par le biais de ce papier. Pour commencer il faut savoir que les mesures de protection étaient largement insuffisantes (puisque comme tout le monde nous avons connu une période de pénurie de matériel, dont il fallait faire l’économie), et parfois même inexistant selon les services. Certains chefs de services ont expliqué qu’il n’y avait pas de place pour ranger le matériel nécessaire! Un responsable Vigigerme, questionné sur les mesures dictées, a reconnu qu’elles étaient insuffisantes mais allaient rester comme elles, au nom de l’uniformisation de tous les services de l’établissement. Non, nous n’avons pas été suffisamment protégés !
L’accompagnement avec « bienveillance » et que tout aurait été mis en œuvre pour favoriser notre retour au travail, soit dans nos unités d’affectation ou dans le cadre d’une réorientation professionnelle en fonction de nos restrictions sont de purs mensonges !!!!!! Jamais nous ne nous sommes senties aussi méprisées et maltraitées : la pression était flagrante pour une reprise de travail dans les unités d’affectation et ce le plus vite possible. Nous avons entendu des mots insoutenables dans le domaine des soins à la personne : productivité, rendement, rentabilité et in-employabilité. Une seule d’entre nous a su et pu trouver un poste adapté à ses limitations fonctionnelles, avec l’appui de l’Office Cantonal AI, donc la réorientation et la reconversion professionnelle sont inexistantes, sauf dans le cas où l’on aurait trouvé un poste, pérenne, dans notre département d’affectation selon les HUG. Nous n’avons pas été régulièrement informées par la hiérarchie et la direction des ressources humaines, que ce soit sur les conséquences d’un arrêt maladie de longue durée ou sur les procédures qu’il fallait engager ou qui nous attendaient.
D’ailleurs, nous tenons à relever pour l’importance du sujet abordé : le CL ne devrait pas être traité comme une maladie lambda, mais comme une MALADIE PROFESSIONNELLE, et donc sous le coup de la Loi Assurance Accident (LAA). Il ne s’agit pas d’une maladie connue, qui ne toucherait que quelques personnes, mais bien une maladie professionnelle, qui toucherait plus de 200’000 personnes en Suisse, et impossible à ce jour de savoir combien de soignants en souffrent. Dans le cas d’une absence longue durée due à une maladie ou un accident, les procédures sont les mêmes, mais à aucun moment ne s’est posée la question de modifier ces dites-procédures dans le cas d’une maladie professionnelle résultant d’une pandémie dont les projections sur l’avenir, sont actuellement impossibles !!!!! C’est souvent à notre demande, individuelle, puisque la maladie, est traitée selon des « critères individuels », que des réunions de réseaux entre les différents intervenants ont été mises en place. Le service de mobilité est entré en action pour une seule d’entre nous. Donc autant vous dire, que tout est actuellement fait par les HUG pour traiter le personnel de manière individuelle, avec des directives qui s’appliquent au cas par cas de façon différente pour chacune d’entre nous, quand elles entrent en matière. La fin des rapports de service pour cause de maladie ou d’accident professionnel, oui, mais là encore, on parle d’une résultante d’une pandémie, dont on ne connaît pas les séquelles à long terme, et qui ne touche pas de manière exceptionnelle, mais une part importante de la population ayant contracté le Covid. En ce qui concerne le « délai raisonnable » pour être réengagées par les HUG : qu’est ce que l’on entend, par raisonnable, dans le cadre d’une maladie professionnelle, dont on ne connaît absolument rien, et qui ne permet ni aux patients, ni aux médecins, de se prononcer quant aux perspectives de « délai raisonnable ». Finalement les HUG nous disent qu’il n’y pas de traitement particulier pour le Covid Long, et que tous les motifs d’absences prolongées sont traités de façon identique.



Pour répondre à cela, nous reprendrons les propos de Monsieur Roger Deneys :
« Covid LONG : la question du licenciement du personnel soignant atteint de covid long et dans l'incapacité de reprendre le travail "comme avant" est un vrai problème et un nouveau drame. On aimerait d'abord être sûr que l'employeur a fait le maximum pour éviter le licenciement et proposer un autre poste ou une reconversion vers un autre poste au sein de l'entreprise. Mais, surtout, on aimerait que la Confédération assume sa part - principale - de responsabilités et en assume les conséquences: le covid n'a pas été traité comme une autre maladie, l'état de pandémie, avec des mesures très éloignées de tout ce qui se fait "d'habitude" - confinement, interdiction et limitation des rassemblements, fermetures imposées de lieux, etc. - a prévalu, un état d'urgence - c'est le cas de le dire - sanitaire a été déclaré... et, parmi les victimes, en plus des morts, aussi des soignants atteints par la maladie dans l'exercice de leur travail. En aidant les autres. En prenant aussi involontairement des risques lorsque les mesures de précaution étaient inadéquates ou le matériel de protection insuffisant. Alors, aujourd'hui, il n'est, à mes yeux, pas normal que la Confédération n'ait décrété aucunes mesures particulières de prise en charge du personnel soignant atteint par un covid long : cela revient à renvoyer ces soignants malades aux cas ordinaires des "maladies ordinaires", sans considération pour le travail PARTICULIER ET EXCEPTIONNEL accompli dans le cadre de l'état d'urgence pandémique. On sait que la majorité de droite des Chambres fédérales, radine, égoïste, imperméable aux messages scientifiques, notamment en matière de prévention, se contrefiche de la santé des personnes quand elles ne sont pas en division privée. Mais cette majorité de droite devrait quand même se préoccuper du message qui est aujourd’hui donné aux soignants quand on les abandonne en cas de problème... car à la prochaine pandémie, pas certain que nous trouvions toujours toutes ces personnes engagées pour sauver les autres. La Confédération doit soutenir financièrement et professionnellement les soignant.e.s atteint.e.s par un covid long. Avec un dispositif adhoc, complémentaire à l'AI. La solidarité doit aussi fonctionner dans l'autre sens ».


Nous avons bien été abandonnées par la direction des HUG, par les administrations et les collectivités publiques. Aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure d’envisager un avenir professionnel quel qu’il soit par manque de prises de décisions quant à des directives pour gérer les demandes et les capacités des personnes atteintes d’un CL.
Destinataire de la pétition, le conseiller d’État Monsieur Mauro Poggia explique manquer d’informations. «Que disent les médecins? Est-ce que ces personnes peuvent rester assises? Si oui, combien de temps ? Ont-elles une formation autre? Il nous faut des éléments, c'est à l'assurance invalidité d'évaluer cette capacité de travail. Cette pétition, je la ressens comme l'expression d'une souffrance mais juridiquement il manque tellement d'éléments pour savoir ce qu'on peut en faire, cela va être difficile». « C’est une gesticulation extra-légale, sans aucun support, qui ferait du personnel soignant des travailleurs super protégés par rapport à d’autres travailleurs. J’espère qu’une seule chose, c’est que les syndicats font le travail qu’ils doivent faire, qu’ils interpellent les médecins, qu’ils interpellent les assurances sociales, pour que ces cas soient véritablement pris en charge comme ils doivent l’être, et pas faire croire à ces dames, que par une procédure de pétition, elles vont être réintégrées chez leur employeur, et rester chez elles ne pouvant reprendre leur activité professionnelle. C’est tout simplement illusoire »


Voilà à quoi nous devons faire face, avec des propos et des considérations qui ne tiennent pas compte de procédures et des directives administratives qui tardent à se mettre à jour, en ne tenant pas compte de la réalité socio-économique et sanitaire que nous avons traversé, et qui probablement referont surface un jour.
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